Considérant d’abord la ville la plus touristique, ensuite le monument le plus célèbre de cette ville, enfin le sommet de ce monument, soit : le point vers lequel convergeront les flux de visiteurs venus du monde entier. La Tour Eiffel pose, sous une forme aigüe, l’impossible équation du tourisme de masse.
La règle semble universelle, selon laquelle tout monument emblématique d’un territoire serait soustrait à ses habitants pour être livré au tourisme de masse. C’est-à-dire, aux touristes fondus dans la masse, neutralisant ce qui fait l’intérêt même de l’expérience touristique.
L’attractivité d’un monument est pourtant indissociable de la vocation de monument. Telle était, d’ailleurs, l’intention de Gustave Eiffel lorsqu’il dessina sa tour selon un même mouvement inversé de descente des charges structurelles et d’ascension des visiteurs, lui donnant sa forme parfaitement stable et parfaitement élancée.
Le projet d’un nouvel accueil à la Tour Eiffel reprend ce postulat. Accueillir en grand nombre n’est pas forcément contradictoire au respect des visiteurs comme à celui du monument. A condition que le déroulement des parcours s’harmonise au monument et se différencie selon les visiteurs. Où l’accueil des visiteurs ne sera pas considéré, ici, comme une fonction localisée, mais comme une expérience continue sur l’ensemble de l’espace et du temps de la visite.
Cet élargissement favorisera également la réintégration de pratiques habitantes dans le périmètre des pratiques touristiques. Se donner la liberté de réinvestir, réutiliser, réanimer ce qui fut en l’occurrence un formidable terrain d’expérimentations urbaines lors d’expositions universelles qui s’y sont succédées. Du Trocadéro, à la Seine, à la Tour Eiffel, au Champ de Mars, réexprimant les intentions essentielles de ce grand site/haut site. Le donnant à parcourir et à découvrir dans son extraordinaire continuum horizontal/vertical.